Récit de voyage
L’archipel de los Canarreos, un diamant en mer des Caraïbes
Sur la côte sud de Cuba, en pleine mer des Caraïbes, l’archipel de Los Canarreos est un paradis de la plongée sous-marine et de la navigation à la voile. Refuge naturel pour la faune aquatique et les oiseaux en tout genre, l’archipel cubain est aussi un lieu rêvé pour les amoureux d’îles désertes…
Pays du Che, de la salsa, des cigares et du mojito, Cuba est réputé pour sa culture, ses traditions, la joie de vivre de ses habitants. Dès que l’avion se pose à La Havane, le visiteur est aussitôt plongé dans les années 50, fasciné par l’architecture, les anciennes Cadillac et l’ambiance unique de cette ville mythique. Mais pour ceux qui ont choisi de partir à la découverte des Canarreos, La Havane constitue une étape ou plutôt le point de départ d’un périple qui se veut très éloigné du tumulte de Cuba. Il faut environ trois heures de voiture pour rejoindre Cienfuegos, « la perle du Sud », connue pour son centre historique colonial et sa vie nocturne à près de 228 km au sud-est de la Havane. C’est dans la marina de cette ville trépidante que se situe la base Dream Yacht Charter et que l’on rejoint le Premium Lagoon 620. Ce catamaran spacieux et de grand confort va nous mener vers ce qui doit être l’un des derniers lieux préservés de la planète : l’archipel des Canarreos et ses 350 îlots, ou « cayos » (en espagnol), après huit heures de navigation.
Tous à bord…
C’est le capitaine en personne qui nous accueille pour une découverte du catamaran, ses différentes pièces et ses ponts, avec à la clé, un rappel des règles élémentaires de sécurité et des consignes indispensables pour une vie à bord agréable entre passagers, tout au long du périple qui durera 7 jours. C’est le moment de poser toute question sur l’itinéraire, les mouillages, les activités que l’on pourra pratiquer en mer…Le premier dîner, savamment orchestré par un chef expérimenté, est ensuite le moment idéal pour faire connaissance avec ses compagnons de voyage : nous sommes huit à partager la même aventure, et lorsque le catamaran quitte le port de Cienfuengos, peu avant minuit, on sent une certaine émulation gagner le groupe, impatient d’être au lendemain pour apercevoir les premières îles se dessiner à l’horizon. Chacun vérifie le fonctionnement de ses appareils photo, caméra, smartphone dernier-cri…On sent que l’expérience va être inoubliable mais on ne devine pas encore à quel point elle sera exceptionnelle !
Terre en vue !
Même si, par malchance, la traversée depuis Cuba jusqu’aux Canarreos se fait par temps agité, le confort des cabines permet aux passagers de vivre une première nuit bien agréable. Et c’est vers huit heures du matin que le capitaine invite les passagers à se préparer pour une escale et qu’il jette l’ancre aux abords de Cayo Sal. Ce lieu à la beauté fascinante est une mise en bouche, un aperçu de l’itinéraire prévu qui s’annonce déjà et se révélera grandiose. Dès lors, on est saisi par la beauté des eaux limpides de la mer des Caraïbes, aux subtils dégradés de bleu, qui exercent un pouvoir d’attraction irrésistible. On ne se fait pas prier par le capitaine pour enfiler sa tenue de snorkelling ! Masque, tuba et palmes sont distribués à chacun, et c’est un vrai plaisir de s’élancer en un joyeux plongeon dans cette mer à 30 degrés. Sous l’eau, un spectacle enchanteur se dévoile : au milieu des coraux, une multitude de poissons et crustacés à peine effrayés, s’animent et s’agitent devant nos yeux émerveillés. Le capitaine nous fait signe de le suivre : les fonds marins n’ont aucun secret pour lui, et il nous mène en quelques brasses vers des points fantastiques. La prudence est cependant de mise, car derrière ses allures de piscine naturelle, la mer des Caraïbes est parfois aussi traversée de courants perfides.
Après la baignade, on remonte à bord : le mojito glacé proposé par le chef est accepté avec enthousiasme, en attendant de déguster le savoureux repas qu’il a concocté. Au menu : poissons et langoustes fraîchement pêchés, accompagnés de riz parfumé, avocats et kakis gorgés de soleil. Alors que le capitaine lève l’ancre, une petite sieste s’impose, dans la cabine ou sur le pont, au rythme des vagues.
Un parc zoologique naturel
Après l’île de la Jeunesse, Cayo Largo del Sur est la deuxième plus grande île de l’archipel des Canarreos. Parmi les nombreuses plages désertes de sable blanc qui la composent, la divine et pure Playa Sirena, considérée comme l’une des plus belles de Cayo Largo, figure sur la liste des incontournables du voyage. Lors de cette escale Frédéric me confie qu’il n’a jamais vu d’endroit où la lumière est aussi puissante que celle d’un projecteur de studio pour photos de mode.
De même, Playa Mal Tiempo, qui se caractérise par sa longue pointe de sable avançant dans la mer, face à la grande barrière de corail, est une étape obligée. Mais au-delà de ces paysages de carte postale, les nombreux îlots de cet archipel abritent une faune étonnante par sa diversité. Il n’est pas rare de croiser dans l’eau une raie géante, un banc de barracudas, une tortue ou un requin-citron…et au sortir de l’eau, de s’émouvoir devant l’envol d’un pélican ou le repos tranquille d’un flamant rose.
Cayo Rico, autre temps fort de l’itinéraire, est réputé pour ses colonies d’iguanes, peu craintifs, qui viennent à la rencontre des voyageurs en escale. Un petit tour en zodiac permet d’approcher plus près les rives couvertes de la mangrove, où se cache parfois ici ou là, un alligator nonchalant.La ferme des tortues marines
Impensable de faire un stop à la marina de Cayo Largo pour les formalités à remplir, sans visiter la « Ferme des tortues » qui se trouve à proximité. Ce centre a pour mission d’assurer le sauvetage et la préservation des tortues marines. Presque toutes les espèces sont aujourd’hui en danger et leur population en déclin en raison du braconnage, des activités de pêche et des changements climatiques. « Chaque année, nous collectons sur les plages les œufs les plus vulnérables et nous les rapportons à la ferme pour incubation, nous explique un guide sur place. Après l’éclosion, les bébés tortues sont gardés quelques temps dans des bassins avant d’être relâchés dans leur milieu naturel. Ce projet vise à accroître leurs chances de survie.» Par le plus grand hasard, il nous a été proposé de participer à la remise en liberté d’un lot de bébés tortues. Quel incroyable spectacle de les voir par dizaines, courir instinctivement de la plage vers la mer ! Un moment unique, particulièrement émouvant…
Ainsi, du lever du jour au coucher du soleil, à bord du catamaran ou à terre, chaque jour passé dans l’archipel des Canarreos est une source d’émerveillement. Inutile de souligner que le retour vers Cuba et Cienfuegos est difficile, tant nos yeux se sont habitués à ces paysages infinis, cette lumière intense, les kilomètres de sable blanc, les étendues infinies d’eaux au camaïeu de bleu, vert clair ou émeraude. On s’étonne de croiser à nouveau d’autres bateaux, puis des gens sur les rives qui nous font signe…On quitte le paradis pour reprendre doucement le cours de sa vie.