Parcours d’entrepreneur
La distillerie de Soligny lance son premier Pur Malt
Après une carrière internationale de 25 années dans le secteur bancaire, Vincent Godier, ingénieur agronome, décide de reprendre l’exploitation familiale, une ferme de grandes cultures située à Nogent-sur-Seine. Son objectif ? Diversifier les productions mais aussi s’investir dans la transformation de produits pour créer un whisky de grande qualité.
-Pourquoi avoir choisi de créer une distillerie ?
La ferme familiale jouit d’une situation privilégiée à l’intersection de trois régions : le Grand Est, la Bourgogne et l’Ile de France. Avec mon épouse, que j’ai rencontrée durant mes études à l’institut national agronomique, on s’est dit qu’il fallait exploiter l’ensemble de nos compétences et de nos expériences en diversifiant l’activité principale. Et, après plusieurs pistes et réflexions, la plus logique était de distiller notre orge et d’en faire un whisky que l’on pourrait distribuer en France et si possible, à l’international.
-Quel a été le cheminement pour y parvenir ?
A la fin des années 2000, nous avions racheté un petit domaine viticole en Bourgogne, et on avait appris tout ce qui est fûts, tonnellerie, élevage. Il ne nous manquait que la fermentation et la distillation pour parvenir à faire du whisky. Nous sommes donc partis en quête d’un alambic et on a trouvé une société néerlandaise qui fabrique des alambics en inox très spéciaux puisqu’ils sont cubiques et non ronds. Ces alambics permettent de conserver les grains depuis l’étape 1 de la fermentation (mélange du malt avec l’eau), jusqu’à la fin de la distillation, ce qui est très novateur. On peut ainsi conserver la matière pendant l’ensemble du processus, et apporter des différences liées au terroir (puisque chaque année on est sur des parcelles différentes), tout en exprimant le climat de l’année, son évolution et son interaction avec le terroir.
-Parlez-nous de vos premières productions…
Les deux premières productions s’appellent des Purs malts et non pas « whisky » car l’appellation whisky nécessite trois ans de vieillissement en fûts. Les premières distillations ayant eu lieu à la fin de l’été 2020, le premier whisky sera donc commercialisé fin 2023. Notre gamme Chant du Coq est destinée à proposer des alcools qui ont vieilli un an en moyenne dans des fûts de chêne. Nous avons donc sorti un premier chant du coq en mai 2022, un autre en octobre 2022, et nous comptons présenter tous les six mois une nouvelle version de notre Pur Malt. Car chaque année, le climat et la parcelle étant différents, on a des caractéristiques spécifiques à notre distillation. Il est donc intéressant de proposer à nos clients de goûter et d’étudier les différences d’une année sur l’autre.
-Quel a été l’accueil du public ?
Il y a eu un très bel accueil de nos produits par les spécialistes et le public, ce qui nous a décidés à augmenter la production. Un deuxième alambic prendra place en mars ainsi que deux nouvelles cuves de fermentation. On débute également la production d’un assemblage d’orge et de seigle…
-Quelles sont vos ambitions pour le futur ?
Nous nous rendons prochainement au Japon, un pays que l’on connaît bien et où l’on souhaite présenter nos produits. Nous caressons l’espoir de travailler bientôt avec des distilleurs japonais. Par ailleurs, nous nous appliquons à faire évoluer notre agronomie : on travaille en zéro chimie du semis à la récolte, et on espère étendre cette démarche sur l’ensemble de la ferme. Enfin, nous souhaitons intensifier notre collaboration avec Ecotri qui aide les entreprises à la gestion durable des forêts : nous sommes de gros consommateurs de fûts de chêne anciens, c’est donc un point qui nous tient particulièrement à cœur !