Parcours d’entrepreneur
Lorsqu’elle prend les rênes du Château Sainte Roseline en 2007, Aurélie Bertin se fixe pour objectif de poursuivre le développement de ce Cru Classé de Provence, et d’inscrire le domaine dans une démarche de développement durable. Deux ambitieux défis qu’elle a su relever avec passion et énergie…
Le Château Sainte Roseline est un lieu chargé d’histoire. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Roseline de Villeneuve, fille aînée du Seigneur des Arcs, est restée dans les mémoires car on lui attribue plusieurs miracles. Décédée en 1329, elle fut canonisée au XIXème siècle. Lorsque son frère rentra de croisade plusieurs années après sa mort, il demanda à exhumer son corps et ce fut une grande surprise : il était resté intact ! Il repose désormais dans la chapelle, sous une chasse de cristal, et attire chaque année de nombreux touristes. La chapelle communale est classée et le cloître est cité aux Monuments Historiques. Le domaine est également l’un des sites les plus visités du Var. Les premières vignes furent plantées sur le domaine au XIVème siècle par l’Évêque de Fréjus dont Roseline était la protégée. Mes parents ont acquis le domaine en 1994, mais c’est le Baron de Rasque de Laval, précédent propriétaire, qui est à l’origine de son classement en Provence. Le domaine Sainte Roseline a donc une double particularité : être un cru classé et un site classé. L’action du Baron de Rasque de Laval a été déterminante pour l’appellation « Côtes de Provence » dont on fête cette année les 40 ans.
Parlez-nous de votre production…
Nous élaborons des vins dans les trois couleurs : rosé mais également blanc et rouge. En ce qui concerne l’appellation Côtes de Provence, la production tourne autour de 90% de rosés, 7% de rouges et 3% de blancs. Au château Sainte Roseline, nous travaillons un peu plus les rouges et les blancs que la moyenne de l’appellation, puisque l’on produit environ 60% rosés, 30% de rouges et 10% de blancs. C’est une volonté de notre part car notre riche terroir argilo-calcaire, alimenté par une source naturelle sur tout le domaine, permet notamment l’élaboration d’excellents vins rouges. Depuis le rachat par mes parents en 1994, nous avons considérablement agrandi les surfaces et replanté près de la moitié du vignoble : sur 180 hectares de terrain, le Château Sainte Roseline compte désormais 110 hectares de vignes.
Quelles sont vos différentes gammes de vin ?
Nous proposons quatre gammes de vin en cru classé, qui forment une collection cohérente. Parmi elles, la cuvée « Lampe de Méduse » dévoile cette année un nouveau visage dans les trois couleurs. Créé en 1950 par la Baronne de Rasque de Laval, son flacon emblématique en verre reste le même mais avec un habillage plus moderne. Lancé en 2007, »La Chapelle de Sainte Roseline » est une cuvée d’exception très haut-de-gamme à faible production qui se pare elle aussi de nouveaux habits. Nous commercialisons aujourd’hui 500 000 bouteilles par an en France et à l’étranger, dont 100 000 vendues au caveau. La tendance est à la consommation de rosé et nous en avons largement bénéficié. En 1994, la part de marché du rosé représentait 7% de la consommation globale contre 30% aujourd’hui. La Provence est devenue la capitale mondiale du rosé.
Quels sont les cépages utilisés ?
Pour faire de grands rouges, nous utilisons essentiellement de la syrah et du cabernet sauvignon. Pour les blancs, nous travaillons avec le rolle : un cépage naturellement gras et aromatique qui passe très bien en barrique et nous permet de produire de grands blancs de garde. Enfin, les rosés sont élaborés à partir des cépages grenache, cinsault, mourvèdre, syrah et tibouren… Ce qui explique pourquoi les vins de Sainte Roseline présentent beaucoup de structure en bouche. La particularité de notre domaine est de pouvoir proposer des vins de gastronomie rosés mais également blancs et rouges. Nous avons entrepris depuis 8 mois une démarche active de développement durable avec la volonté d’obtenir le label VDD (Vignerons en Développement Durable) d’ici à deux ans.
Quels sont vos projets pour les années à venir ?
Lorsque je suis arrivée en 2001 pour prêter main forte à mon père, mon métier était d’organiser des événements. Ce fut ma priorité : j’ai développé la partie oenotouristique, en organisant des expositions et des journées à thème. C’est encore aujourd’hui une volonté très forte de réfléchir à de beaux événements qualitatifs, tels que le Festival de musique Gloriana, le salon de la Rose ou la Journée de la Truffe, qui restent en lien avec notre site et montrent une image haut de gamme de nos produits.
Qu’en est-il du Château des Demoiselles dont vous êtes aussi propriétaire ?
Ce domaine de 70 hectares fut acquis par mon père en 2005 et j’en ai repris les rênes deux ans plus tard. Je projette d’agrandir le Château des Demoiselles et de passer à 80 hectares d’ici trois ans. En tout, ce sont deux millions d’euros sur les deux domaines qui vont être investis prochainement. A ce jour, nous faisons partie des leaders en Provence et comptons bien conserver cette place dans les années futures !