Parcours d’entrepreneur
Sophie Courtois-Biancone, vigneronne
C’est dès son plus jeune âge que Sophie Courtois-Biancone voue une passion pour Château Rasque, un domaine en Provence, bâti par ses parents, et dont elle a pris les rênes il y a 10 ans. Rencontre avec une vigneronne amoureuse d’une terre dont elle écrit l’histoire jour après jour.
Quelle est l’histoire de Château Rasque ?
Mes parents ont acheté les bois de Rasque en 1983. Il s’agissait de 100 hectares où il n’y avait que de la forêt, et ils ont tout défriché, planté et bâti au fur et à mesure des années. A la base, ma mère souhaitait planter seulement quelques pieds de vignes dans une campagne familiale mais mon père, maçon et entrepreneur, voyait toujours les choses en grand : ce sont finalement 15 hectares qui ont été plantés. Les débuts ne furent pas faciles car mes parents étaient novices mais ils se sont entourés de vignerons passionnés qui les ont accompagnés et conseillés. Le Château Rasque jouit d’un très beau terroir, et la notoriété est venue rapidement.
Que représente ce domaine pour vous ?
J’ai toujours vu cette campagne comme le plus bel endroit pour m’épanouir. Je suis issue d’une famille de cinq enfants, mais la seule à avoir pris goût à la vigne et au vin. Petit à petit, sous le regard bienveillant de mon père, j’ai appris le métier. Il m’a transmis la passion de cette terre, l’amour du travail de la vigne, et j’ai pris naturellement les rênes du domaine il y a une dizaine d’années.
Qu’est ce qui fait la particularité de vos vins blancs et rouges ?
Le Château Rasque s’est tout de suite démarqué par la qualité de ses rouges et de ses blancs. Nous ne faisons que 50% de rosés ce qui est très peu pour un Provence. En ce qui concerne le blanc, la particularité est d’avoir osé faire un 100% rolle, cépage qui n’était pas très à la mode il y a 30 ans. Mais le rolle, qui se plaît dans le terroir argilo-calcaire de Rasque, produit un vin très aromatique. Quant au rouge, le choix de mes parents auquel j’adhère totalement, a été de faire des élevages dans des foudres et non dans des barriques. Ces gros contenants font que nos rouges sont très peu boisés : ce sont des vins qui ont beaucoup de corps et de présence, tout en restant sur le fruit.
Qu’en est-il du rosé ?
Château Rasque est reconnu pour avoir un rosé très élégant, très féminin avec un joli équilibre. On est sur des cépages typiques de chez nous, comme le grenache et le cinsault. Ce qui a fait notre force aussi, c’est d’assumer la couleur de notre rosé : selon les années, et suivant ce que la nature nous offre, nous proposons un rosé plus ou moins foncé sans chercher à suivre cette mode des rosés très pâles. Nous sommes restés sur des produits très authentiques, ce qui a plu à nos clients.
Quelles sont les cuvées emblématiques ?
En rosé, la cuvée Alexandra, du nom de ma petite sœur, est l’une des plus connues. En rouge, nous avons la cuvée Héritage, qui est pour moi une cuvée emblématique puisqu’il s’agit de la dernière création réalisée avec mon père en 2006. C’est un rouge très haut de gamme, produit en petite quantité (2500 bouteilles), à la fois puissant, chaleureux et très élégant. Enfin le Blanc de blancs, 100% rolle, figure aussi parmi nos cuvées les plus réputées.
Envisagez-vous d’exporter à l’étranger ?
On a cette chance de vendre toute la production du Château Rasque en France, dont 80% sur la région PACA, notamment sur Monaco, les Alpes Maritimes et le Var. Cependant, on vient d’acquérir quelques hectares supplémentaires que je compte planter en 2018. Cela va me permettre d’ici 3 ou 4 ans d’élargir le marché à l’export et de répondre positivement à une demande régulière.
Quels sont vos autres projets pour les années à venir ?
Je souhaite développer davantage la partie oeno-tourisme du domaine mais en restant à échelle familiale. Le domaine de Château Rasque s’est agrandi au fil du temps, il compte aujourd’hui 32 hectares de vignes et dispose de quatre chambres d’hôtes et d’une salle de 350 m2 pour accueillir quelques mariages dans l’année. Notre volonté est d’ouvrir le vignoble à des personnes extérieures pour partager notre passion, mais en petit comité, de manière intime. Par ailleurs, je gère depuis 2003 un second vignoble : Hermitage de Saint-Pons à Figanières. Reconnu comme l’un des meilleurs rapports qualité/prix, ses vins viennent compléter l’offre plus haut de gamme du Château Rasque. Enfin, j’ai un frère de 27 ans qui pourrait être tenté de me rejoindre dans l’aventure. Peut-être qu’un nouvel épisode de cette belle histoire familiale va s’écrire…