Parcours d’entrepreneur
Anaïs Lacrotte, co-fondatrice de Provence Factoriz « Valoriser le riz de Camargue avec un apéritif inspiré du saké »
Après un parcours d’ingénieur agricole, Anaïs Lacrotte entreprend avec son époux de créer Provence Factoriz, une société destinée à valoriser le riz de Camargue à travers des produits de qualité. De là est né Orizon, un apéritif local aromatisé, au délicieux goût de saké.
Quelles sont les grandes étapes qui vous ont menées à la création de Provence Factoriz ?
Issue d’une famille de riziculteurs, j’ai baigné dans l’agriculture dès mon plus jeune âge. J’ai suivi un parcours d’ingénieur agricole à l’Ecole d’Ingénieur de Purpan à Toulouse, avant de décrocher un Master spécialisé en marketing management à l’Essec, Paris. Avec cette double formation, j’ai pensé pouvoir accéder à mon souhait de toujours, qui est de travailler les produits de la terre de façon à valoriser au maximum les agriculteurs. Par ailleurs, j’ai connu mon mari durant mes études, et il se trouve que nous avions les mêmes ambitions de carrière. Ses parents, également riziculteurs, détenaient un moulin qui nous sert aujourd’hui pour la transformation du riz. Il faut savoir que quand on le récolte au champs, le riz n’est pas de suite propre à la consommation : il nécessite plusieurs étapes de transformation.
C’est de là que l’aventure Provence Fatoriz a commencé ?
Oui. Après ses études, mon époux est revenu dans l’entreprise familiale, où il a développé les activités à travers différentes structures, pour valoriser les coproduits d’usinage du riz. C’est le cas notamment de la paille et la balle de riz, valorisées sur le marché de la bio-construction, de la litière animale et de la filtration industrielle. Le son et le germe de riz, quant à eux, sont valorisés sur le marché de la biscuiterie, de la cosmétique et de l’alimentation animale. L’objectif était d’exploiter la plante dans son entier. Au final, on a souhaité faire connaître le riz de Camargue mais d’une autre façon que par les métiers de bouche. Cependant, créer une marque de riz pour concurrencer les grandes marques existantes telles que Lustucru ou Uncle Ben’s était compliqué. On a donc fait le choix de développer un autre type de produit.
Comment vous est venue l’idée de créer un apéritif inspiré du saké?
Durant nos études, nous avons voyagé dans plusieurs pays et notamment en Californie où mon mari a oeuvré dans une rizerie qui travaillait le riz à saké. Nous nous sommes imprégnés de la technologie avant de nous procurer les recettes traditionnelles. De retour en France, nous nous sommes essayé à ces recettes et avons réussi à obtenir un produit de qualité, qui a été validé par des experts de saké. Par la suite, nous nous sommes associés avec Camille, qui était directrice qualité au moulin de transformation, car il nous fallait un partenaire qui maîtrise l’aspect qualité, traçabilité, sécurité, environnement. De son côté, mon époux a en charge la partie production et développement technologique, tandis que je chapeaute le commerce, le marketing et la communication.
Comment êtes-vous passé à l’échelle industrielle ?
Il nous fallait impérativement trouver une usine pour répondre à la demande du marché, mais les techniques traditionnelles pour faire le saké sont difficiles à mettre en place car elles sont très consommatrices en énergie, en eau, et également en main-d’oeuvre. Finalement, à la suite de nos recherches, on a croisé un collègue d’école qui a développé une technologie destinée à produire des boissons fermentées à base de graines crues, sans emploi de malte. Sa technologie lui a permis de créer des boissons bio au goût de bière, 100 % locales, car elles sont réalisées uniquement à base de céréale bio locale : l’une peut être produite avec 100 % de blé tendre du bassin lyonnais, l’autre avec 100% de sarrasin de Bretagne pour le marché breton…Sa technologie correspondait tout à fait à ce dont on avait besoin pour notre produit.
Décrivez-nous les particularités de l’apéritif Orizon que vous avez créé ?
Orizon est donc un apéritif pétillant local inspiré du saké traditionnel. Notre volonté était avant tout de valoriser le riz de Camargue IGP Bio avec un produit de qualité, 100 % local et innovant. Orizon est une alternative à tous les apéritifs que l’on peut trouver aujourd’hui, et cette particularité a été bien reçue. L’autre avantage de cette boisson est qu’elle ne contient ni sulfites, ni gluten, et qu’elle est aussi exempte de sucre.
Quelles sont vos ambitions pour Orizon ?
La première production a été réalisée en septembre 2019. Nous avons développé une première gamme aromatisée mais souhaitons maintenant créer une gamme nature où l’on va se concentrer uniquement sur le travail de la céréale.
Notre volonté est de faire suffisamment de volume sur les trois prochaines années pour investir dans la brasserie et l’implanter à proximité de la rizerie sur Arles. Par la suite, nous projetons de travailler également des boissons sans lactose et des crèmes glacées. En un mot, l’objectif dans le futur est de réussir à nous diversifier sur de nouveaux marchés…