Parcours d’entrepreneur
« Etre le meilleur sur notre niche de marché »
Grand professionnel de l’immobilier de prestige et homme d’affaires à la carrière internationale, Alexander Kraft est avant tout un passionné de la vie aux multiples talents. Retour sur un parcours à la fois exceptionnel et épatant.
-Quelles sont les grandes étapes de votre parcours professionnel ?
Je me définis comme un pur produit Sotheby’s car je n’ai jamais travaillé pour une autre société que Sotheby’s dans ma vie. Lorsque j’étudiais le droit à l’Université, mon ambition était de devenir diplomate. Mais en Californie, dans le cadre de mon doctorat, j’ai décroché un stage chez Sotheby’s à Beverly Hills. Issu d’une famille de collectionneurs, et moi-même passionné d’art, j’avais demandé d’effectuer mon stage dans une maison de vente aux enchères plutôt que dans un cabinet d’avocat. Dès la fin de mes études, on m’a proposé d’intégrer Sotheby’s où j’ai commencé en tant que manager training dans plusieurs départements. Puis un jour, le directeur financier du groupe m’a orienté vers celui qui connaissait la plus forte croissance : Sotheby’s immobilier. Ma nomination à la tête de ce département a coïncidé avec une volonté du groupe de réorganiser les opérations en Europe. Peu de temps après, en 1997, je suis devenu P.-D.G pour l’Europe, le Moyen-Orient, la Russie et l’Afrique.
-Quelle a été la suite de votre carrière ?
En tant que P.-D.G, j’ai réorganisé entièrement notre réseau international. En 2004, on comptait 70 agences dans une trentaine de pays, en plus des 120 agences aux USA. Mais, face à l’ampleur que prenait Sotheby’s Realty, la maison mère a décidé de s’en séparer en adoptant un modèle de franchise. On m’a aussitôt offert un droit de préemption pour acquérir les droits sur le pays de mon choix. La France étant alors le 2ème marché en termes de profit après les Etats-Unis, et aussi un pays que j’adore, c’est elle que j’ai choisi. J’ai donc acheté la licence pour la France et Monaco, et j’ai recommencé à zéro en créant ma propre structure. J’ai pris des risques pour ce nouveau challenge, mais je n’ai pas regretté.
-Avez-vous rencontré des obstacles ?
Je me suis heurté à un certain snobisme de la part de certains acteurs sur le marché français. Mais en l’espace de 10 ans, Sotheby’s International Realty est devenu, en termes de nombre d’agences et de volume de transactions, le plus grand réseau de vente d’immobilier de luxe en France. Ma volonté n’est cependant pas d’être le plus grand, mais le meilleur sur notre niche de marché. Nous ciblons uniquement l’immobilier résidentiel haut de gamme avec un prix moyen de 1,4 millions d’euros, et des produits luxueux pouvant parfois dépasser largement les 50 millions d’euros.
-Quels critères doit avoir un produit pour être mis en vente par Sotheby’s Realty ?
Le bien doit avoir un certain charme et une situation géographique intéressante. Les clients de Sotheby’s sont des connaisseurs qui recherchent en général un produit spécial avec une histoire et une certaine classe. L’autre impératif : il doit afficher un prix réel. Tout comme un objet d’art, si le bien immobilier est surestimé par son propriétaire, il ne se vendra pas.
-Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?
Pour un passionné d’art, ce métier offre une matière exceptionnelle. Très souvent, les produits que nous acceptons, sont des biens historiques avec une architecture et un patrimoine intéressants. De même, la plupart de nos clients sont des gens passionnants, qui ont mené des carrières hors du commun. Il peut s’agir d’entrepreneurs, de stars de cinéma, des aristocrates, des politiciens… C’est aussi la diversité que j’aime dans ce métier. Ainsi, je supervise des fonctions très variées : gestion, marketing, relations presse…Il faut aussi être un bon avocat car les transactions sont parfois compliquées, et bien connaître les langues et les coutumes des différentes nationalités car on ne s’adresse pas de la même façon à un Russe, un Chinois ou à un Américain. Je joue un peu le rôle d’un diplomate et cela rejoint le métier auquel je me destinais dans ma jeunesse : la boucle est bouclée.
-Quels sont vos autres centres d’intérêt ?
J’ai eu la chance de réussir très tôt dans ma vie professionnelle, ce qui m’a permis de faire beaucoup d’autres choses. Je suis notamment ambassadeur de marque de luxe comme Tod’s, ou Cifonelli, et j’ai également une passion pour la musique qui m’a amené à sortir deux singles ces dernières années. Ma devise dans la vie ? Ne jamais lâcher, quels que soient les obstacles…C’est la clé du succès !